amerique du sud
Cinq mois au Mexique . Décembre 2017 / Mai 2018 - 4890 km

La journée se termine et nous allons faire étape dans ce petit village de Las Cruses.
La large vallée laisse apparaitre les premières traces du village. Les murets et les clôtures sont maintenant mieux entretenus, les bêtes plus nombreuses. Très vite nous dépassons quelques granges et enclos. Les anciens potagers se devinent sous les ronces et nous passons le pont. Devant nous, regroupés autour du clocher les arbres toisent les maisons basses.
Les quelques rues non revêtues sont poussiéreuses. À 2000 mètres d'altitude dans ces immensités muettes, le village est perdu sur cette croûte de terre abandonnée. Pas d' hôtel. Mais l'unique restaurant dispose de 3 chambres au fond de la cour. Le sol en ciment et l'ameublement semblant sortir d'une salle des ventes, nous conviennent. Nous nous installons et les grognements du cochon dans la cour s'estompent très vite.

Ces 5 mois au Mexique sont passés sans que nous ayons écrit la moindre ligne sur notre séjour. Tout est allé trop vite au Mexique. Les temps forts se sont enchainés et la route a filé. Nous voici à 2 jours de bicyclette des USA et nous aimerions trouver une raison de quitter ce pays. Ce serait peut-être plus facile.
Parce que c'est toujours difficile de tourner une page dans sa vie.
Cette semaine, notre séjour de 4 années en pays hispanophone se terminera.
La culture, le rythme, l'insouciance des latinos vont nous manquer. Leur générosité et leur fraîcheur tout au long de ces 17 derniers pays ont donné une couleur et une ambiance à notre vie.
Notre route latino était devenue un cocon.
Nous nous souviendrons de l'Amérique du sud ...
Séjour de 10 mois. 9495 km.
Séjour de 1 mois 1/2. 1325 km.
Au Brésil , en entrant par l'état de Mato Grosso Do Sul, nous avons plongé dans une mer de canne à sucre. Monoculture sur des centaines de km. Plus loin ce fût du maïs, puis du soja. Mais les brésiliens sont désarmants de spontanéité, de naïveté, de gentillesse .
Les séances photos étaient quotidiennes, les cadeaux aussi . Nous avons quitté le Brésil à "reculons" !
Séjour de 4 mois 1/2. 4195 km.
L'Uruguay, c'est une seule nuit passée en hospédaje, un soir de tornade. Ensuite nous avons campé et bivouaqué le long de l'Atlantique jusqu'à Montevideo. Nous avons également été reçus10 jours dans la communauté "Tierra Pura". Partageant leur belle philosophie de vie et participant aux travaux de la ferme. Là aussi un bel exemple de décroissance heureuse.
Séjour de 3 semaines. 585 km.
Le Chili nous évoque la carretera austral et ses forêts magiques, notre descente vers le sud et les innombrables bivouacs, immergés dans une nature vierge de l'aube des temps.
Séjour de + de 3 mois. 2840 km.
En traversant la Bolivie en hiver, nous avons eu des lumières sublimes, les salars et l'altiplano en technicolor. Les bivouacs à 4 000 mètres, sous la neige, sont des souvenirs précieux .
La Bolivie était un rêve d'adolescent. Nous n'avons pas été déçus. L'alchimie fonctionna dès notre arrivée. Tous les cyclos rêvent de La Paz, c'est notre graal à nous. Cette fin de journée de juillet 2016, en arrivant par El Alto, la plus haute capitale du monde s'étalait à nos pieds. Alors, ivres de bonheur, nous avons plongé dans la ville mythique .
Séjour de 4 mois 1/2. 2890 km.
Le Pérou est une destination idéale pour un voyageur à vélo. Mis à part les lieux touristiques, nous n'y avons croisé aucun touriste. L'authenticité des marchés, des rencontres est réelle. Les populations rurale, peu touchées par la désertification, sont jeunes. L'habillement traditionnel, différent d'une région à l'autre, est porté par la majorité de la population.
Les évènements religieux ou culturels étaient toujours présentés dans des rues noires de monde. Ce n'était plus, dans ces villes et villages, du folklore, mais la vie au quotidien . Nous sommes restés 6 mois au Pérou. 3580 km.
L'Équateur, ce fut notre petite excursion en lisière de l'Amazonie. Moins "rugueux" que le Pérou, nous avions l'impression d'être en vacances en retrouvant quelques codes européens. Les automobilistes conduisaient prudemment. Le mobilier urbain réapparaissait, les déchets mieux gérés ne s'étalaient plus en bordure des agglomérations. Nous rencontrions des graffs, des cafés littéraires dans les centre villes . C'est en Équateur que nous avons été le plus invité chez l'habitant .
Séjour de 2 mois. 1495 km.
Notre séjour en Colombie ne nous pas bouleversé. Trop de monde, de bruit, de circulation. Ou alors, une sournoise lassitude ne nous pas permis d'apprécier les charmes de ce pays. L'engouement que beaucoup de voyageurs ont pour ce pays est pour nous incompréhensible. Nous aurions aimé être en osmose mais nos efforts sont restés vains !
Cependant, les colombiennes sont coquettes, jolies comme des cœurs et ont un gout très sur pour s'habiller .....
Séjour de 2 mois1/2. 2560 km.
En septembre 2017 nous avons quitté l'Amérique du sud en effectuant la traversée Colombie - Panama en voilier.
Cette traversée-croisière de 6 jours en visitant longuement les îles San Blas fût un très joli moment. Les îles San Blas sont vraiment extraordinaires, magiques.
Ensuite nous avons remonté les 7 pays d'Amérique centrale relativement rapidement . Panama, Costa-Rica, Nicaragua, Honduras, Salvador, Guatemala et enfin le Bélize .
Cycloter dans cette petite mosaïque, passer d'un pays à l'autre était
nouveau pour nous, nouveau et passionnant.
( voir le blog )
Nous sommes arrivés au Mexique le 12 décembre 2017 avec un visa de 6 mois.
Les premiers instants, dès le passage d'une frontière sont toujours révélateurs d'un pays. Cette très bonne impression dès notre arrivée sera la première d'un long séjour plaisant et détendu.
Le voyageur peut se sentir à l'aise dans cette société tout en contraste. Choisir le voyage qu'il souhaite entre modernité ou tradition, voyager dans l'urbanité la plus folle ou les déserts les plus inhospitaliers.
Le boum économique amplifie la fracture entre le nord, pauvre et rural et le sud, riche et touristique.
Nous ne goutons pas toujours les visites archéologiques des civilisations disparues.
Les fonctionnements de la société mexicaine du XXI siècles sont plus intéressants pour nous, que la visite d'un jeu de boules du XII siècles.
De plus, ces sites touristiques où tout n'est que négoce sont chers et peu surs.

Le Mexique mérite son surnom de "petite Espagne". Nous retrouvons le style, l'architecture espagnole dans les plus modestes villages.
Une fontaine sur une place, des doubles campaniles au églises, des fers forgés sur les façades les plus modestes. En quittant le Yucatan par Campeche, nous arrivons vite à San Cristobal de las casas dans la turbulente province du Chiapas.
Nous souhaitions revoir cette jolie ville coloniale qui nous avions découverte lors d'un premier séjour au Mexique en 2006. De magnifiques travaux de rénovation et d'embellissement mettent désormais en valeur ce patrimoine. Toutefois, les mexicains ont déserté le centre ville, devenu une grande galerie marchande pour gringos. Aux terrasses, de jeunes clientèles d'occidentaux nous semblent bien désœuvrées ...
Alors en quittant San Cristobal nous retournons vite au ... Mexique par la merveilleuse route 190, direction Oaxaca.
Cette capitale de province est une ville coloniale, universitaire et populaire. Les nombreux centres culturels proposent toute l'année des spectacles et des expositions. Nous y retrouvons nos amis Christian et Sylvie pendant 10 jours et profitons avec eux de cette vie culturelle et bouillonnante.
En repartant, nous évitons la mégalopole de Mexico en la contournant par l'ouest en passant ensuite par Santiago de Querataro, San Miguel de Allende et Zacatecas qui sont de jolies villes coloniales.
La baja-California est notre prochaine route et nous choisissons d'aller prendre le spectaculaire train "el chefe" au départ de Chihuahua pour aller à Las Mochis. Le port de Las Mochis est le point de départ pour embarquer sur le ferry pour la baja-California.
En prenant cette route pour Chihuahua nous avons découvert une facette brute du Mexique rural avec du bétail et des cow-boys à moustaches, santiagues, ceinturons, chemise à carreau, jeans et chapeau de rigueur. Seul le portable a pris la place du revolver. Ambiance ...
Nous campons souvent; il n'y a pas toujours d'hébergement dans les hameaux et villages ici ...
Les bagnoles sont des vieux pick-up Ford et Chevrolet des années 70.
C'est pratique pour la route, on les entend de loin. D'ailleurs la circulation est très fluide sur ce réseau en mauvais état. Mais les mauvaises routes n'existent que pour les gens pressés ...
Arrivés à Chihuahua, le train s'est changé finalement en citrouille, celui ci ne prenant pas nos bicyclettes. Nous sommes donc déçus mais aussi enchantés de continuer cette route hors du temps qui nous offre autant de silence, des paysages et des lumières extraordinaires.
Nous rentrerons donc au USA dans 2 jours (avec un visa touristique de 3 mois ) par une frontière très secondaire (Agua Prieta / Douglas) . Une entrée par les coulisses. Génial.
Un été en Colombie
Arriver en Colombie un samedi , c'est l'idéal .
Les colombiens aiment ... le vélo et se retrouver à bavarder devant leur maison . Bien assis , à l'ombre et en musique, salsa ou cumbia . Bulles sonores que nous traversons avec bonheur .
En entrant en Colombie ce 24 juin 2017 nous retrouvons aussi la chaleur et le tour de France commence . Urvan va t-il mettre fin au règne de Froome ? La Colombie retient son souffle . Avec le décalage horaire nous aurons les fins d'étapes à l'heure du déjeuner . Suspens en direct avec carne asado ou pollo guisado . L'été peut commencer .
Notre route est fort simple . En arrivant de l'Équateur nous nous dirigeons vers Cartagène où nous prendrons un bateau pour passer au Panama .
La Colombie est le pays de l'Amérique du sud le plus peuplé après le Brésil . Après leurs récentes décennies noires les colombiens vivent en paix et profitent d'un formidable essor économique . Partout , les travaux publics ou privés vont bon train , la consommation , le business semblent une grande préoccupation . Avec une croissance à 6% ces dernières années , la Colombie booste de partout . Sur la route également . Nous allons passer un été à slalomer entre les camions dans un trafic de dingue ...
La vendeuse finit de me rendre la monnaie en me lançant : " Gracias mi amor ! "
En Colombie les dames utilisent quelquefois de surprenantes formules pour remercier un homme pour son achat de café de pain ou de chambres à air .
Gracias mi corazon , avec un joli sourire et me voilà heureux ... La gentillesse des colombiens est légendaire en Amérique du sud .
Ils aiment voir des étrangers et nous , les très rares cyclo européens ,sommes en permanence salués et encouragés . Nous rencontrerons 3 cyclo-voyageurs en Colombie en deux mois 1/2...
Dés notre arrivée les reliefs plus doux et les larges vallées nous rappellent quelquefois la France . L'élevage bovin est très important et les campagnes toutes clôturées ne nous permettent plus de camper . Nous préférons alors faire étape dans des hospedajes en campagne ,qui sont toujours plus silencieuse que celles des villes . Le bruit est un fléau en Amérique du sud et les sud américains s'en accommodent sans problème . Inversion de situation . Plus le vacarme est assourdissant et plus les gens semblent heureux et détendus . Le monde est une vaste boutique qui n'a pas fini de nous étonner !
En contournant Bogota par l'est nous passons dans les provinces de Caldas et Quindio . Éviter la capitale en allant promener dans les collines de caféiers . Double aubaine !
La culture du café ordonne le paysage de manière régulière et paisible . Cela semble façonner également la relation à l'autre . Les gens sont particulièrement souriants et disponibles . Les exploitations agricoles ( fincas ) sont de jolies maisons en bois de couleurs vives , coquettes et fleuries . Les " villages caféiers " semblent sortir d'un catalogue de voyage . Nous resterons 5 jours dans le petit village de Filandia .
Ensuite , dernier col à 3250 m et dernières côtes avant de plonger dans la grande plaine du nord , jusqu'à Santa Marta et la mer des Caraïbes .
La vieille ville de Cartagène est un bien joli endroit pour notre dernière semaine sud-américaine . Nous quittons ce continent avec l'impression de n'avoir emprunté que des chemins de traverse tant par l'authenticité des rencontres , que par les routes sidérantes de solitude et de beauté que nous avons parcourues .
Cette interminable croisière sud-américaine se termine .
Une autre commence . Le 13 septembre 2017 nous embarquerons pour le Panama et l'Amérique centrale .
Équateur, la magie des premières fois .
L'Équateur . La magie des premières fois .
- Cuanto cuesta los dos hierbas luisa ?
- Un dollarito .
Depuis une dizaine d'années l’Equateur a adopté le dollar américain comme monnaie . Le dollarito est un " petit dollar " qui vaut ?... un dollar !
Présenté ainsi , le prix est plus doux ...
Peu de voyageurs nous avaient parlé de l'Équateur, coincé entre ces deux grands voisins , la Colombie et le Pérou . La vie y est plus chère et ils n'y avaient pas trainé .
Nous nous étonnons qu'une simple frontière marque souvent une rupture géographique . Aussitôt notre arrivée en Équateur, tout fut différent . Le relief se creuse et les nombreux ruisseaux et rivières nous imposent de courtes montées et descentes dans des combes encaissées . Le pourcentage est terrifiant . Alors nous poussons Raymonde et Félicie dans des côtes de plus de 15% . Passée la frontière, la forêt se transforme aussi . D'autres arbres , d'autres plantes semblent d'un coup envahir la route , une voute végétale toise celle ci . Alors la lumière et l'humidité changent brusquement . La température et les odeurs aussi . L'eau ruisselle maintenant de partout . La végétation se tropicalise . L'humidité est poisse. Les murailles de végétations qui nous surplombent , nous étouffent . Quelquefois un trou dans la végétation permet d'entrevoir la vallée . Les rizières du nord Pérou ont maintenant disparues.
Pour nous protéger des violentes pluies nocturnes , nous campons invariablement sous les canchas des pueblos et hameaux . Une cancha est un gymnase qui ne possèderait que le toît et les gradins . Nous sommes toujours bien reçus par les familles qui habitent autour . Les fréquentes parties de football qui s'y déroulent réunissent jusqu'à 22 heures la population . L'ordre des matchs est immuable . D'abord les femmes , les hommes puis les enfants se partagent le terrain . Le silence nous réveille après l'extinction de l'éclairage par les derniers passionnés ....
Notre altitude petit à petit diminue . La chaleur est accablante mais nous sommes heureux d'arriver dans le bassin Amazonien où nous cyclotons en permanence dans les odeurs confites de cette jungle en décomposition . Les chants des oiseaux , toutes sortes de bruits inconnus saturent l'espace . La nuit , ce vacarme est à son comble et nous aimons ce rendez vous nocturne .
Mais déjà cette petite boucle ( de 400 km ) se termine et nous nous dirigeons vers Quito . Une route où nous passons de 200 mètres d'altitude à 4050 mètres avant de plonger sur Quito qui se trouve à 2800 mètres .
Nous resterons quatre jours à la casa de ciclistas de Santiago, à partager rires , infos et topos avec d'autres voyageurs . Échanges entre ceux qui viennent du Pérou et ceux qui arrivent de Colombie ...
C'est autour de délicieux empanadas confectionnés par Nahuel et les argentins que nous passerons la dernière soirée avant de nous séparer . Un joli départ groupé de neuf cyclo s'éclatant sur les routes de sud-Amérique ! Cela ne nous était jamais arrivé en 5 années de voyage .
Une couronne de neige s'est déposée dans la nuit sur le volcan Cotopaxi . Une des dernières averses de neige avant l'été nous précise Santiago . Nous souhaitons tous y voir un signe de bonne route ......
Plus tard dans la journée nous apercevrons une colonne de fumée s'échappant d'un autre volcan ; le Réventador . C'est la première fois de notre vie que nous voyons un volcan fumer devant nous . Minuscules plaisirs des premières fois .
Hier , à Cayambe nous sommes arrivés à la mitad del mundo . La moitié du monde en franchissant l'Équateur ! C'était là aussi une première fois . Notre quotidien est plein de premières fois et ces minuscules moments sont toujours très plaisants et le plus souvent inattendus . Demain nous reprenons notre chemin . Ce seront nos derniers tours de roues en Équateur . L'immense Colombie est à trois ou quatre journées de bicyclette . La route sera nouvelle et inconnue .
Et merveilleuse ….. La magie des premières fois .
Nous reviendrons au Pérou !
Le policier péruvien regarde longuement son écran , fait mine de prendre quelques notes et nous redonne nos documents :
" Non , la durée de votre séjour est correcte !" Le tampon en main , il valide nos passeports ...
Nos visas de trois mois étaient pourtant dépassés de dix jours , nous aurions du payer une amende de 20 dollars . Comme un clin d'œil pour conclure cet ébouriffant séjour de 187 jours , le dernier péruvien que nous croisons nous offre un ultime cadeau . Un temps fort de plus de cette route sud-américaine .
Après l'Argentine , le Paraguay , le Brésil , l'Uruguay , le Chili , la Bolivie voici maintenant le Pérou que nous quittons à contre-cœur . C'était un pur bonheur de se lever le matin depuis 6 mois en sachant que nous allions passer une merveilleuse journée en admirant des paysages hallucinants d'immensité et des scènes paysannes d'un autre siècle . Recevoir mille sourires et une multitude de buenas dias ! buenas tardes ! Auxquels nous répondons , naturellement .
Mais qu'avons nous fait pour mériter autant ?
Les gens ici sont pauvres , très pauvres et la vie est dure . Les maisons en adobe n'ont qu'une pièce et accueillent la famille . Ces masures semblent sorties de " Jacquou le croquant " de mon enfance . Les toits en chaume ne couvrent pas uniquement les dépendances disposées en carré afin de fermer l'espace . La vie s'organise avec les animaux depuis toujours . Les campagnes sont pleines de gosses . La natalité est toujours très forte en zone rurale . Les cultures de quinoa et de patates dessinent de jolis patchworks à proximité des hameaux et villages . La désertification rurale n'a pas siphonné les campagnes comme chez nous . Ces équilibres respectés , la vie sociale , culturelle et économique modèlent et rythment en douceur la relation à l'autre , à la nature . Ces observations nous semblent intéressantes dans cette course à la pensée unique et à la mondialisation qui ne semble guère proposer de bonheur ni d'avenir pérenne à notre humanité . Alors nous prenons le temps de voyager lentement et de discuter avec les gens . Ce monde est beau , divers et imprévisible . Nous nous posons souvent pour le regarder et l'aimer . La beauté est là , tous les jours . Il suffit d'ouvrir les yeux .
Mais tous ces instants , ces moments d'être, nous ne voulons pas les prendre en photos . Cela nous semblerait une incongruité de rompre cette poésie . Vanité que de s'approprier ces images , ces instants . Ramener tout cela à un sujet photo nous semble vulgaire . Le monde n'est pas un zoo humain . Tant pis pour les photos . Ou tant mieux . Le seul souvenir de cette merveilleuse mosaïque humaine éclaire nos prochaines routes .
Et notre route péruvienne fut toujours exigeante . Il n'y a pas de répit ici . Jamais . L'altitude , le froid , la pluie , les dénivelés les plus dingues furent nos compagnons de route . Nous passerons 11 cols à plus de 4000 m , 1 à plus de 4500 m et un dernier à 4715 m, le long de nos 3580 km péruviens . Passer de la vue d'avion au voyage au centre de la terre en descendant des cols de plus de cent km a été une découverte ! Et monter des dénivelés de 2800 m en continue permet de belles heures d'écoute avec nos appareils audio .
En choisissant de passer uniquement par la montagne nous nous sommes offerts des rencontres , des échanges . Un monde de respect , d'amitié et de solidarité . La solidarité est là . Toujours les paysans nous ont offert un toit , cherché et trouvé une réponse à nos demandes . Là-bas le monde n'est pas une compétition fait de mépris et d'égoïsme .
Ces derniers temps les gens nous demandaient naïvement : quand reviendrez-vous au Pérou ?
Nous reviendrons au Pérou !
Carnaval à Humachuco
Début mars ,
Le carnaval de Huamachuco .
La question nous était posée tous les jours . Serons-nous là pour le carnaval ? Les distractions sont rares ici et le carnaval est attendu toute l'année . Huamachuco est la très petite capitale de la province de Sánchez Carrión . À huit cent kilomètres au nord de Lima , Huamachuco centralise les services administratifs mais aussi la culture , l'économie et la fierté ,de cette minuscule province des Andes .
Le carnaval est la grande fête de l'année . Chaque quartier de la ville présente un groupe folklorique pour cette première soirée musicale . L'immense courre du collège San Nicolas est noire de monde . Les sept groupes en compétition jouent des compositions originales qui sont prétexte à " las coplas " , joutes verbales où chacun se moque de l'autre . Rires assurés dans le public ce soir à Huamachuco , sous les étoiles ...
C'est le gymnase du collège qui accueille le public le lendemain pour l'élection de Miss Huamachuco . Les soirées sont fraîches à 3200 mètres pour des Miss en jupette . Indescriptible ambiance où les familles et les quartiers soutiennent leur représentantes . La fanfare de l'armée assure le spectacle . Cymbales , tambours et trompettes disparaissent sous les confettis . Les Miss défilent puis répondent aux questions du présentateur . Les juges , appliqués , noircissent studieusement de grandes feuilles . Sur les gradins le public crie , mange , s'interpelle et danse à sa Miss . Cette année Miss "aguas de los pajaritos" aura l'honneur d'être la reine du carnaval .
Le lendemain , les chars sont déjà rangés plaza de armas quand nous arrivons à 10 heures . La municipalité est sur son 31 et les officiels s'affairent autour de chaque char . Dernières consignes et détails . La parade sera parfaite cette année . Honneur aux chars de l'armée , de la police et de l'école militaire qui défilent en premier , suivis de ceux du collège, des mineurs et des paysans . Les vivas et applaudissements accompagnent le défilé .Chaque équipage est suivi de sa fanfare et de sa troupe de danseurs , danseuses . Épuisantes chorégraphies de trois ou quatre heures ! Le tour de ville se fait à pas lents devant la foule amassée le long du parcours . Pas de différence vestimentaire ici à Huamachuco entre les troupes du défilé et les spectateurs . Habits traditionnels pour tout le monde !
Les semaines suivantes (nous restons un mois et demi à Humachuco) les téleviseurs des boutiques et restaurants diffuseront en boucle la cassette du carnaval .
La ferveur , la simplicité , l'authenticité de cette journée sont un résumé de nos 5 mois au Pérou . Le désir de vivre dans l'allégresse des moments de partage révèle toujours la bonne santé d'une société .
Huamachuco - Nord Pérou - Jour de marché
Les jours de marché sont fidèles . Tantôt le lundi ici, ailleurs c'est le jeudi . Les jours de marché sont jours de fête et de rencontres . Pour les voyageurs aussi .
Il y avait bien peu de monde ce matin à la messe. J'aurai dû me douter . Le culte a une rude concurrence aujourd'hui .
À Huamachuco le marché , c'est le dimanche .
12h30 mn . En descendant la calle Simon Bolivar nous apercevons de nombreuses taches claires qui dansent dans la foule . Les femmes se sont coiffées du chapeau beige à larges bord typique de cette province de Sanchez Carríon . Le soleil fait briller les parures brillantes de leurs robes et chemisiers . L'obligatoire baluchon noué dans leur dos porte souvent un enfant . Les plus grands marchent en donnant la main à leur mère ou à une grande sœur .
Le marché déborde largement l'emplacement du mercado central , les stands ont investis les rues alentours . Des nuées de petits triporteurs papillonnent autour en chargeant ou déchargeant les clients et leurs achats . Sacs remplis de légumes et de fruits d'où les cous des canards , des poulets sortent parfois . Partout des gerbes d'herbes très fraîches sont proposées . Elles sont données aux cochons d'inde que beaucoup de citadins élèvent chez eux . Au Pérou le cochon d'inde - el cuy - est très apprécié . Le "cuy" est proposé souvent grillé dans les restaurants . C'est le plat emblématique du Pérou avec le "cébiche" .
Les stands des paysans sont toujours modestes . Manioc , patates , oignons sont les denrées les plus proposées avec le maïs et la quinoa . Populations paysannes , venues aujourd'hui dans leurs plus beaux habits . Sont-elles les mêmes qui nous salués cette semaine alors que nous passions sur la route ? Qui nous ont offerts des mangues ou trois patates ? Se sont inquiétées si tout allait bien , en nous donnant de l'eau ?
Aujourd'hui nous nous sentons bien . Bien calés dans notre voyage . Bien installés dans cette merveilleuse mosaïque humaine que nous retrouvons sur ce marché .
Notre intarissable curiosité sur le monde trouve des réponses qui se mêlent aux sourires tout au long de notre chemin .
Plus loin , des petits groupes colorés se forment devant chaque télévision de la calle San Martin . Nous nous approchons . Ce sont des familles . Elles regardent les cassettes de danses folkloriques que les vendeurs programment en boucle sur les écrans . Attroupements garantis .
Nous aimons la rue et les marchés dans nos arrêts citadins . C'est là que le voyageur appréhende le mieux l'identité d'un pays ; tant familiale que culturelle ; tant sociale qu'économique .
À Huamachuco le marché , c'est tout les jours dimanche .
Nord Pérou - Cañon del Pato
Pallasca , Nord- Pérou, le 8 février 2017 .
Le dos d'âne oblige pratiquement les voitures à l'arrêt ." Mango ! mango ! Son dulces par aqua . Ocho mangos por dos soles . Mango mango ! " La vieille dame continue à proposer ses mangues aux rares véhicules, alors que nous avons monté notre tente depuis longtemps sur le bout de terrain plat qu'elle nous a offert pour bivouaquer . Face à sa maison . Commencer une montée dans des gorges en fin de journée n'est jamais une bonne idée , une nuit sous les manguiers est toujours un joli moment ...
Les maisons ont fini par disparaître . Depuis combien de kilomètres sommes nous seuls ? Ces journées en ces lieux cependant nous apaisent , car nous prenons la mesure du bonheur et du privilège de vivre non pas notre voyage , mais notre vie , notre vie de nomades dans des lieux aussi extraordinaires et rares . L'émerveillement est permanent , quotidien et nous veillons à ne pas nous laisser glisser dans une banalisation de celui-ci .
RETOUR EN SUD-AMÉRIQUE
Huaraz ,
Un tour de planète bleue
Cuzco ,
le 17 août 2016
UN TOUR DE PLANÈTE BLEUE
40 000 km .
Ce n'était nullement préparé . Le hasard du voyage , toujours bienveillant , nous offre ce magnifique cadeau . Fêter nos 40 000 km en arrivant au lac Titicaca !
Cela semble de bon augure pour la suite .... Autant de distance nous a déjà offert des déserts immenses , des forêts gigantesques , des volcans fumants , les plus hautes montagnes du monde , des fjords inextricables où viennent jouer dauphins et baleines . Mais nous avons aussi découvert des arbres et des plantes qui nous étaient inconnus , célébrés Noël en plein été , dormi dans la clarté des nuits australes et fêté 4 fois le nouvel an la même année *. Ce voyage nous enrichit . Terriblement .
Chaque matin , nous nous demandons : que va t-il nous arriver ? Les hasards et leurs suites sont toujours bienvenus . Car le vrai voyageur ne cherche pas , il trouve en chemin . Nous faisons partout ces généreuses rencontres qui donnent un sens à notre vie et rendent notre voyage si riche .
Cette chaleur humaine et ces sourires , cette hospitalité spontanée et généreuse nous fascinent plus que n'importe quel paysage où distraction . Aller à la rencontre de l'humain n'est pas une distraction .
L'humain , toujours l'humain et sa rencontre qui n'a pas fini de nous fasciner .
Se confronter à ce quotidien c'est le partager pour le comprendre , le comprendre pour l'accepter .
Et accepter l'autre et ses différences n'est-ce pas le chemin qui mène à l'amour ?
Cette route de nomades nous propose des émotions et des regards merveilleux et ces conditions de vie nous plaisent et nous transforment .
Désormais , continuer notre chemin autour de cette belle planète bleue est notre unique projet .
Un poco más . Por favor !
* Nous avons fêté quatre fois le nouvel an en 2012 :
Une première fois le 1 janvier 2012 au Cambogde : celui des chrétiens .
Une deuxième fois le 25 janvier 2012 au Vietnam : celui des chinois .
Une troisième fois le 10 avril 2012 au Laos : celui des boudhistes .
Une quatrième fois en novembre 2012 au Maroc : celui des musulmans .
Détail kilométrique :
ASIE :
Thaïlande 2065 km
Cambodge 2170 km
Vietnam 2925 km
Laos 1450 km
Total : 8610 km
EUROPE :
France 175 km
Espagne 1775 km
Total : 1950 km
AFRIQUE :
Maroc 3310 km
Mauritanie 605 km
Sénégal 2830 km
Gambie 440 km
Guinée-Conakry 725 km
Mali 115 km
Total : 8025 km
AMÉRIQUE DU SUD :
Argentine 9495 km
Paraguay 1325 km
Brésil 4195 km
Uruguay 585 km
Chili 2840 km
Bolivie 2890 km
Pérou 560 km
Sous-total : 21890km
" Bien des gens s’imaginent qu’au voyageur circulant hors des chemins battus, chaque heure apporte un tribut d’aventures joyeuses ou dramatiques, mais toujours excitantes. La vérité est moins romantique. La plupart des jours se passent sans qu’aucun événement les rende particulièrement mémorables. Monotonie alors ? – Que non pas. Pour celui qui sait regarder et sentir, chaque minute de cette vie libre et vagabonde est un enchantement. «
. . "Alexandra David-Néel "Au pays des brigands gentilshommes "